L’assurance : un coût légal et un filet de sécurité
En France (comme dans de nombreux pays), certaines assurances (automobile, responsabilité civile, santé…) sont obligatoires. Chaque mois ou chaque année, on verse une cotisation. L’objectif ? Simple : être protégé en cas de problème. Si l’on n’a pas d’accident ou de maladie, on espère bien sûr ne jamais avoir à les utiliser. Mais il ne viendrait à personne l’idée de cesser de les payer, car en cas de sinistre les conséquences peuvent être lourdes, financièrement et légalement.
Pourquoi la cybersécurité devrait suivre le même principe
Pour un chef d’entreprise, une cyberattaque peut constituer un sinistre majeur :
- Rançon exigée ;
- Rupture d’activité (panne, récupération de données, course contre la montre) ;
- Impact réputationnel, perte de confiance ;
- Sanctions légales (RGPD, obligations de prévention…).
Ces menaces sont réelles. Et pourtant, trop souvent, les entreprises ne mettent pas en œuvre les mêmes réflexes qu’avec l’assurance traditionnelle : fractionnement des risques, prévention, contrôle régulier.
Sensibilisation & formation = cotisations versées avant le sinistre
1. Former pour ne pas être la “maillon faible”
Selon l’Ifop, seules 40 % des PME ont mis en place une formation cyber régulière (BDC.ca). Or les hackers utilisent massivement le social engineering : phishing, usurpation, appels ciblés. Comme l’a illustré l’attaque M&S, les criminels ont exploité un fournisseur tiers et trompé des employés via phishing et ingénierie sociale (Financial Times).
De simples réflexes de vigilance (vérification, 2FA, blocage réflexe d’un mail suspect) font souvent la différence. Un comparatif : c’est comme exiger des ceintures de sécurité à vos collaborateurs — une petite formation “cotisation préventive” qui peut éviter un “accident majeur”.
2. Simulations & exercices : se préparer, tester, améliorer
Tout comme dans la gestion des sinistres, on effectue des exercices :
- L’Idaho National Lab (INL) organise des “cyber drills” avec équipes “Rouge” (attaquants) & “Bleue” (défense) (WIRED).
- Ces simulations permettent de dénicher les failles, identifier les zones de moindre vigilance humaine, et renforcer les réactions.
Des entreprises investissent ainsi dans des audits internes et tests réguliers, à l’image des exercices pompiers pour les incendies. Et c’est un investissement minime comparé à ce que coûterait une attaque réussie.
3. Cas concrets : la vérité factuelle
- Attaque M&S (juillet 2025) : perturbation de la supply-chain, pertes de 300 M£, chute de 750 M£ de capitalisation ; lessons = formation, MFA, segmentation réseau, plans de réponse (Institut Montaigne, CybSafe, TechRadar).
- Norsk Hydro (mars 2019) : cryptage de 3 000 serveurs, refus de payer, retour à l’opération manuelle ; coût estimé à 70 M$ (TIME). Leur préparation humaine (culture de résilience, réponses factices…) leur a permis de traverser la crise.
- Kentucky Treasurer’s Office : formation anti-fraude des employés a permis d’éviter un détournement via compromission des emails (TIME, jpmorgan.com).
- Experian (finance) : un employé non formé a ouvert la porte à une attaque ; résultat : prise de conscience, introduction de formations obligatoires (upguard.com).
✔️ Recommandations pour chefs d’entreprise
- Allouer un budget annuel dédié, comme une assurance : formations, ateliers, coaching, campagnes phishing simulées.
- Planifier des sessions régulières, trimestrielles de courte durée, pour maintenir la vigilance).
- Simuler des cyber-incidents (rouge/bleu) pour évaluer votre posture et vos processus.
- Créer des plans de réponse incident (analogue à un sinistre assuré), incluant sauvegardes, communication, reprise.
- Tracer vos investissements (KPIs : taux d’ouverture phishing, incidents évités…) pour justifier et améliorer l’efficacité.
Vous payez aujourd’hui des primes d’assurance “au cas où” pour vous protéger d’un accident ou d’un litige. C’est une démarche de responsabilité — pas un gage de sinistre, mais de sécurité. Il en va de même pour la cybersécurité : investir dans la formation et la sensibilisation ne signifie pas que vous attendez une attaque, mais que vous êtes prêt, résilient, légalement conforme et responsable.
Transformez la cyberprévention en cotisation proactive, et préparez votre entreprise à affronter sereinement les cyber-risques de demain.